STEPHEN KING: DANSE MACABRE

Titre original: NIGHT SHIFT Titre traduit: DANSE MACABRE

Auteur: Stephen King Traducteurs: Lorris Murail et Natalie Zimmermann

Editeur: J'ai lu Date de publication: 1978

Pages: 411 Prix: 6.70

Résumé:

Diable ! Il arrive que nos pas nous mènent en des lieux d’apparence anodine, mais qui cachent des secrets qu’il vaudrait mieux laisser enfouis. Maudit soit Jerusalem’s Lot et son église impie, profanée par le Ver ! Vampires, croque-mitaines ou fils du cosmos, dieu Pan obscène ou dieu du Maïs sénile et jaloux… Ces êtres d’autres époques ou d’autres dimensions frappent sans scrupule et tuent. Mais n’est-ce pas dans l’ordre des choses ? Et si les objets familiers qui accompagnent notre quotidien se mettaient à nous vouloir du mal ? Soldats de plomb, camions roulant à tombeau ouvert, bulldozers ou repasseuses… A coup sûr, le Malin est à l’œuvre ! Reste l’irrationnel à l’état pur. La bière avariée qui vous transforme en matière grise, ou ce mystérieux printemps des baies qui souffle un vent de folie sur le campus… Chacune de ces nouvelles est un reflet troublant de l’imaginaire de King…

Mon avis:

J’ai beaucoup aimé ce recueil de vingt nouvelles du maître incontesté de l’horreur et du suspense. Entre horreur, drame, adrénaline, rien n’est épargné au lecteur, qui passe par toutes les couleurs de la peur. Dans cette chronique, je vais me pencher sur quelques-unes de ces nouvelles, celles que j’ai particulièrement aimées.

1) Le croque-mitaine :

Un homme raconte à un psychologue dans quelles circonstances, il a perdu ses trois enfants. Il souhaite avant tout soulager sa conscience car il s’en sent responsable.

J’ai adoré lire les sentiments de cet homme qui n’est vraiment pas fier de ses actes, on ressent toute sa tristesse, sa culpabilité et on voit à quel point l’être humain peut être lâche par moments. Le croque-mitaine est excellemment bien décrit, il fait vraiment peur (M. Stephen King ne déroge pas à sa réputation de maître de l’horreur !). Mais alors, la fin est excellente, j’adore les retournements de situation. Une de mes préférées à coup sûr !

2) Poids lourds :

Qu’arriverait-il si les camions étaient soudainement doués de vie et souhaitaient faire du mal aux gens ? C’est ce qu’on peut lire dans cette nouvelle qui suit cinq personnes isolées et à la merci des poids lourds.

J’ai beaucoup aimé l’humour présent dans cette nouvelle (« Je commençais à somnoler mais au lieu de compter les moutons, je comptais les camions. »)Il vient en quelque sorte compenser l’horreur de cette nouvelle (les détails gores ne manquent pas) car il est effrayant de voir à quel point des objets de tous les jours deviennent subitement dangereux pour l’homme. Bon, bien sûr, ça ne pourrait pas se passer dans la vraie vie mais on se laisse facilement prendre dans cette histoire, on a peur en même temps que les personnages. La fin voit les personnages trouver une solution, à leur plus grand désarroi.

3) Cours, Jimmy, cours…

M. Norman, professeur de son état, voit l’horreur ressurgir sous les traits de ceux qui étaient responsables d’un drame dans sa jeunesse. Mais ces personnes sont-elles réellement humaines ? Comment venir à bout de l’horreur ?

J’aime bien la manière dont la vie de professeur est présentée dans cette nouvelle, cela prouve que déjà dans les années 70, elle n’était pas toute rose. Au travers de flashbacks, on découvre le drame vécu par le petit Jim, on ressent toute l’horreur et la peur vécue par cet enfant. J’ai trouvé inquiétant le fait qu’un drame pareil pourrait exister dans la vraie vie car on se rend compte que l’homme a sa part de noirceur. Le suspense est magnifiquement entretenu par ses souvenirs et ses rêves et jusqu’à la fin, on se demande comment il va s’en sortir. Bien sûr, cette nouvelle a sa part d’horreur inventée, notamment sur la fin car n’ayant plus rien à perdre, Jim Norman trouve la solution, à ses risques et périls.

4) Desintox, INC.

Un homme souhaite arrêter de fumer, et sur les conseils d’un ami, se rend dans une clinique spécialisée. Il découvrira bien vite qu’elle est loin d’être une clinique ordinaire et que les choses qui s’y passent, sont vraiment horribles.

J’ai trouvé cette nouvelle horriblement malsaine, on se sert de l’amour et des liens forts qui attachent des personnes pour mener à bien une mission. On joue sur les sentiments et les peurs des gens, c’est vraiment horrible. On entre ici moins dans l’horreur surnaturelle que dans l’horreur humaine ; en fin de compte, on se dit qu’une chose pareille ne pourrait pas être exclue comme irrationnelle dans la vraie vie et c’est bien cela qui fait peur. Ce que j’ai aimé, c’est le fait qu’on suit le personnage principal (récit à la 3^e personne) puis on plonge dans un dialogue où le personnage parle en son nom.

5) L’homme qu’il vous faut.

Elizabeth a tout pour être heureuse : un fiancé, une bourse pour ses études…Mais un jour, elle rencontre un garçon bizarre et de là, sa vie va basculer.

Voici une histoire pour le moins originale qui m’a énormément plue. On se demande qui est vraiment ce mystérieux Ed, il semble tout connaître d’Elizabeth, ses moindres souhaits. Alors qu’Elizabeth est aveuglée par l’amour, son entourage s’inquiète pour elle car Ed est plus que louche. Ça peut même paraître un peu malsain d’avoir quelqu’un qui sait tout de vous. Ce n’est qu’à la fin qu’elle découvrira les vraies raisons de son attachement à Ed et là, malgré l’horreur, on ne peut s’empêcher d’éprouver de la pitié pour lui, il n’a vraiment jamais eu de chance dans la vie. Le tout est orchestré par un bon suspense, surtout à la fin.

6) Le dernier barreau de l’échelle.

Dans la grange familiale, deux enfants s’amusent à sauter dans des tas de foin jusqu’à ce que l’inévitable se produise.

Loin de l’horreur classique, nous sommes ici plongés dans un drame psychologique et émotionnel. On observe les relations pas toujours faciles entre un frère et une sœur et on se rend compte à quel point il est important d’être là pour sa famille, avant qu’il ne soit trop tard. Dans cette histoire, les émotions sont extrêmes, on n’est pas loin de verser sa petite larme, c’est très triste. Le personnage principal se remet en question mais il est déjà trop tard, d’où l’importance de ne pas être égocentrique.

En conclusion, j’ai bien aimé ce recueil et particulièrement les histoires plus vraies, c’est-à-dire plus ancrées dans la vraie vie. Toutefois, malgré qu’elles puissent être réelles, cela n’enlève en rien l’horreur et le drame. Un livre à lire, un très bon Stephen King !

Danse macabre

Partager cet article